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Quand espoir et désespoir s'entrecroise...
Quand espoir et désespoir s'entrecroise...

http://livre.fnac.com/a5245007/Lisa-Heme-Mensonges-et-faux-semblants

commentaires de Béatrix

Le choc !!!
Quel livre, quelle émotion ; mon instinct maternel un peu surdimmensionné ne
peut comprendre de telles attitudes de la part de personnes qui sont là pour
protéger leur petite. La phrase terrible de la grand'mère (derrière cette
porte..........) est insupportable et impardonnable.

Quelle pudeur dans ce récit ; la parenthèse monégasque nous permet de reprendre
notre souffle, mais c'est si peu.

J'espère ne pas raviver vos douleurs ; j'aimerais vous parler de votre père que
je crois avoir vu chez Claude Bolling, dont mari était un inconditionnel ; je
crois qu'ils étaient du même âge.

Vous avez un réel talent.
j'espère lire un nouveau livre bientôt.
commentaires de christiane :

Thématique principale : Le mensonge, une enfance abusée, la malfaisance de la
famille, et notamment de la mère et grand-mère

Avis très favorable 

Le roman débute par un hommage que la narratrice rend à son père, Poppy, qui
vient de décéder. Puis, retour en arrière, l’enfance de Jenny défile. Née
en 1945 d’une simple passade, son père, saxophoniste, se sépare de sa mère
et part en tournée. Jenny a alors 2 ans. Sa trop jeune mère a 19 ans et élude
les questions par un mensonge : ton père est mort… La jeune femme se remet
en couple avec un homme de 50 ans, riche et autoritaire, mais surtout « détraqué
» puisqu’il va abuser sexuellement de la petite fille qui a 4 ans. La
mère, entretenue, laisse l’homme s’occuper de sa fille.
Heureusement, les médecins préconisent des séjours à la campagne car
l’enfant fait des crises d’asthme et ne grandit pas. Après 3 cures
successives, la famille Spinzer, établie dans le sud de la France, rendra le
sourire à Jenny par leur joie de vivre et beaucoup d’amour. Jenny a alors
un déclic et avoue toute l’histoire et le rituel malsain de l’homme
à Paris. Jenny a 6 ans. Alertée, la famille porte plainte contre X pour
maltraitances sexuelles. L’enquête fait ressortir le dossier du divorce et
le père réapparaît. Dès lors, le Papa Saxo met tout en œuvre pour que justice
soit faite et retrouve son droit de garde. La vie s’éclaircit pour Jenny
qui retrouve son père, sous le soleil monégasque, heureuse dans l’euphorie
du jazz et de l’amour vrai. Elle peut grandir et se construire.


Perception globale :
Un excellent texte bien écrit, d’une sobriété détachée et nécessaire pour
avouer un drame intime. La fin est lumineuse, la vérité gagne sur le mensonge et
achève le récit dans une très belle teinte.

La narratrice a passé les 8 premières années de sa vie dans le mensonge et la
douleur. Marquée pour toujours, elle veut écrire et clamer publiquement les
faits, pour se laver. Elle écrit avec courage et détermination, avec le recul
des années. Le ton est celui d’une violence rentrée et maîtrisée sous
forme d’interrogations sur le rôle d’une mère. Car outre la
maltraitance sexuelle, c’est peut-être la maltraitance affective de la
mère qui laissera un trou à jamais béant.

Jenny :
Petite fille douce et docile, d’un tempérament plutôt rentré, elle
ressent, analyse comme elle le peut, se carapace et subit en silence et dans les
pleurs. Elle supporte en plus la honte et la culpabilité du rituel malsain
qu’elle porte comme un secret maudit. Etouffée par tant de mensonges et de
non-dits, de sa mère et sa grand-mère, c’est son corps qui crie et alerte
par les vomissements et l’asthme.

La mère :
Elle est mère trop jeune, irresponsable et égoïste. Elle reste à l’origine
de tous les traumatismes subis par Jenny et ne se remet jamais en question. Elle
vit sa vie et délègue à d’autres le « paquet encombrant ». Quand la vérité
éclate au palais de Justice sur l’abus sexuel, elle et la grand-mère
désavouent Jenny et la culpabilisent encore. Elles se coalisent contre
l’enfant. Ce sont elles les victimes d’une calomnie… Et cela
sans jamais de paroles, d’explications, de tendresse, juste le silence
pesant et accusateur des adultes.


Le récit est bien construit, l’écriture efficace se sert de mots justes,
durs et bien pesés. Ils vont droit au cœur au sens premier. Le ton est grave et
interroge le lecteur. Le grand nombre de phrases interrogatives nous révèle une
quête de vérité, de compréhension, plutôt que d’accuser. Du coup,
c’est nous, lecteur, qui accusons un entourage aussi malveillant autour
d’une enfant.

Les thèmes de l’inceste et de la pédophilie sont, on le sait, déjà
fréquemment traités dans la littérature, mais ce texte m'a beaucoup séduite par
son ton, sa construction, et les interrogations qu’ils soulèvent autour de
la mère.
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